Le chasseur et la proie [Daniel] (Terminé)

Je progresse de mon pas furtif vers mon refuge avec un petit rictus, seul sourire que peut me permettre les stigmates causé par cet incendie qui m’a enlevé ceux que j’aimais par-dessus tout. Les derniers rayons de soleil me caressent le visage, autant le profil anodin que celui qui ressemble à une chandelle à demi fondu. Au moins en pleine nature je me sens bien. Aucun regard dégouté, apeurer ou bien détourné comme les penauds dans la grande ville. Pour les animaux j’étais soit un prédateur ou bien une proie. Le cycle de la nature tout simplement. Au fond de ma besace deux lièvres que j’ai chassé à l’arc. Dieu que je n’aime aucunement les armes à feu. Mais pour un élément de dissuasion ou bien de dernière défense, j’ai le vieux colt de Papy dans un étui accroché à ma ceinture. D’un naturel silencieux, en plus d’être muet de naissance je me déplace comme un esprit désincarné de la nature que je chéris tant. Mais je m’immobilise soudainement à cause d’un feulement de souffrance. Un puma me lance alors l’instinct du Chasseur. Une partie de mon être que Papy à nommer ainsi. Cette facette de moi qui se plaît pour la traque et qui est si sûr de lui. À l’inverse de l’Humain qui est doux et timide. Le hurlement n’était pas victorieux comme le prédateur qui vient de mettre à mort sa proie. Non de souffrance et d’une douleur qui glaça le cœur du muet. S’orientant aussitôt dans la direction de l’appel de détresse, le Chasseur détrôna l’Humain au dominion de mon être. Je deviens un prédateur aussi silencieux que furtif. Une ombre qui se meut en parfaite coordination dans la forêt qui peut facilement trahir la présence d’un néophyte en matière de discrétion. Mon esprit de maraudeur ne veut que rencontrer son vis-à-vis mortel. Alléger sa souffrance ou bien la délivrer de ses maux. Bientôt j’arrive près d’un sentier qu’emprunte les cervidés et je vois un type balaise qui rigole de manière totalement méchante vers un magnifique puma pris dans les dents d’acier d’un piège à loup. Il traite le noble félin de stupide, de descente de lit. Mon sang bouille et aussitôt je me glisse dans son dos dans l’intention de le surprendre.

Je sors mon pistolet de son étui et je lui colle fermement au niveau de sa nuque. Le Chasseur vrille douloureusement le canon d’acier froid comme la mort pour faire arrêter la levée de la carabine qui allait mettre fin au calvaire de sa magnifique proie. Le type, un barbu hirsute et méchant comme un pou, semble devenir une statue de sel devant le courroux du Tout-Puissant. D’une voix apeuré il laisse tomber son arme et parle rapidement.

Braconnier- Écoute je ne savais pas que c’était ton territoire! Je te laisse le gibier!

Je pousse le canon durement pour lui signifier de filer et le type ne demande pas son reste. Bientôt le son d’un moteur de quad m’indique qu’il ne reviendra plus poser les pièges indignes d’un véritable chasseur. Je descends alors mon œil valide vert comme la mer calme sur la masse magnifique de muscle prédatrice qu’est le puma piégé. Je range alors mon arme de poing, le Chasseur laissant l’Humain à ce moment délicat. Je prends une grande respiration et je lève mes mains en signe d’apaisements. Mes mouvements sont fluides et lent pour permettre à la situation de ne pas s’enviné. Je m’approche du félin, reculant sous les feulements de colère. Je respecte sa zone de confort et surtout je la laisse lire en moi. Les animaux sont empathiques et ils ne se laissent pas avoir par ma gueule de porte-bonheur passé au lance-flamme. Elle peut sentir la bienveillance et la candeur que je lui porte. Je me penche vers le piège sournois et j’appose délicatement ma main sur le flanc de l’animal sauvage pour l’apaiser. Lui faire comprendre que je veux l’aider. Tout en caressant le poil en sollicitude, je désamorce les mâchoires d’aciers et libère la patte meurtrie. Je me prépare alors à esquiver son assaut, mais à cet instant je ne veux que soigner la sublime bête et lui donner la chance de se mouvoir sans mal…

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D'un bond le puma se dégage du piège et pour ma part je me recul d’un coup pour éviter une possible attaque. Je ne peux m’empêcher de faire un rictus de joie en voyant que le sublime animal n’a pas décider de planter ses crocs dans mon cou. Mais je redeviens aussitôt sérieux quand je vois qu’elle s’effondre au sol en rugissant de douleur. Les dents de ce putain de piège de lâche doit avoir bien fait son office. Le félin me regarde alors avec une telle détresse dans le regard que je ne peux d’être empathique à son appel à l'aide. Aussitôt je m’accroche et lui montrant mes mains et démontrant avec lenteur que je ne veux pas lui faire de mal. Le regard ambré du félin m’avertit de ma situation. De ne pas lui faire du mal sinon je fini en son casse-croute. Pauvre bête elle va voir que j’ai la couenne carboniser et dégueulasse. En tout cas ça fait des hauts le cœur à bien des gens. Je m’approche de sa blessure et la regarde. Ce n’est pas trop beau, mais j’ai soigné pire pour moi-même. Je sors ma petite trousse de ma ceinture et aussitôt je me mets à l’ouvrage. Désinfestation avec de l’eau clair et du savon que je fabrique. Sans senteur pour la chasse. Donc pas de parfum et autres saloperies chimique qui pourront brûler et me faire subir un coup de pattes avec griffes en prime. Ensuite je prépare des compresses stériles que j’imbibe d’une solution de millepertius. Encore une fois je remercie Papy de m’avoir appris tout ça sur les plates et surtout d’en cultiver à mon refuge. L'huile rouge des fleurs de millepertuis a été utilisée durant des siècles pour son haut pouvoir de cicatrisation selon mon héros. Cette mixture élimine les bactéries, a des vertus anti-inflammatoires, et active la guérison. Je fini les compresses et lui fait un bandage. En fait je devrais dire elle car c’est une magnifique femelle. Je sais que ça soulage et diminue grandement la douleur vu le nombre de fois que je l’ai utilisé.

Je lui caresse l’échine et tout doucement je lui dépose mon manteau dessus. Ça va lui apporter une dose supplémentaire de chaleur et aussi la calmer car je lui démontre simplement que je ne lui veux aucun mal. Mais un hurlement me fit dresser la tête et un autre qui lui répond me fait comprendre qu’une meute de loups o repérer la vulnérabilité passagère du Puma. Je me regarde un instant et secoue la tête. Je ne peux l’emmener à mon refuge qui est qu’à 200 mètres. Hors la porter dans mes bras est totalement exclu à cause de ma masse musculaire qui est plus proche du coureur de fond de marathon que de celui des idiots de monsieur muscles. Mais je suis un chasseur, un survivaliste entrainé par mon héros d’enfance. Je me trouve deux bonnes branches solides et tout doucement je reprends mon manteau pour ne pas faire paniquer la superbe bête. J’ajoute mon chandail de laine, ma camisole et mon treillis de chasse. Et oui je suis torse nue et je laisse au regard ambrée de la féline de voir ce que je cache de honte à tous. Un corps immonde, le torse, le dos et le bras droit portant les stigmates des caresses ardentes du bûcher funéraire qui a emporté mes parents. Ma jambe droite est aussi touchée, mais là je garde mon pantalon et mon ceinturon de chasse. J’attache les vêtements pour faire un brancard de fortune, un peu comme un traineau que je peux tirer. J’emmène le tout près du puma et je soutien son regard. Empathique et douceur semblent prendre vie dans mon œil océanique rescapé de la tourmente enflammé. Au loin on entend la meute, je dirais une dizaine de loups, qui s’approche prudemment. Le chemin nous permet de distinguer mon refuge, ce chalet isolé par un gazon sur mon toit et construit avec ce que la nature avait à nous offrir. J'espère que le Puma va suivre la senteur de mon manteau, qui est synonyme, et s'instller sur ce brancard. Car si je peux la ramener chez moi, je pourrais la soigner et au matin elle sera libre de courir où le coeur lui en dit...

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Le trajet vers mon refuge se fait dans un effort des plus titanesques. Je suis en forme, mais tracter un puma de 50 kilos dans un sentier nullement battu et poursuivi par une meute de loups qui s’approche dangereusement est plus qu’un bon exercice.  Mais durant tout le trajet une idée refuse de se perdre dans mon inconscience et revenant sans cesse à la charge. Ce sublime animal semblait comprendre mes mimiques à la con. Elle nous a défendu, utilisant son grognement intimidant pour tenir à carreau les loups. Elle a compris ce que je voulais faire avec le brancard de fortune. Tout en tirant de toutes mes maigres forces, je ne peux arrêter de songer que son regard d’ambre si envoutant avec une intelligence… humaine. Dans le peu de connaissance que j’ai en matière de surnaturel et de mythe, je n’ai jamais entendu parler d’un lycan puma. Non ça ne se peut tout simplement pas. Car ces êtres devraient être listés dans le même chapitre que les démons et les engeances infernales. La féline aurait pu m’arracher la gorge plusieurs fois lorsque j’étais près d’elle. Mais non. Nous arrivons enfin à la cabane qui m’a sauvé de mon envie suicidaire. Ce lieu qui m’a fait revivre et que maintenant j’avais fait vœu de chasser l’assassin démoniaque de mon héros. En regardant la croix qui indique le dernier repos de celui qui était mon univers et qui a su me sauvegarder de ma démence, je sais qu’à cet instant je suis ses traces. Il aurait aidé la puma, défendant cette nature qui est si chère à nos cœurs. Difficilement je me penche avec lenteur pour prendre la bête blessée et je pénètre en ce lieu qui est encore plus saint qu’une église pour moi.

Deux lits, un coin salon avec écran et lecteur dvd, cuisine et une petite salle de bain. Tout fonctionnelle grâce à l’énergie solaire et au bienfait de la nature pour le chauffage. Le toit gazonné retient la chaleur l’hiver et rend frais l’été. Le foyer est encore raviver dans la lueur des flammes et réchauffe les lieux. Je dépose mon superbe fardeau sur le lit de mon grand-père pour le maximum de confort. Ensuite je nouveau je prends une couverture chaude et la dépose sur la féline en un geste réconfortant. Une dernière caresse le long de son échine pour lui signifier qu’elle est en sécurité et je vais dans le coin cuisine pour sortir mes prises de ma besace. Après j’enfile un chandail de laine de l’armée, le préférer de Papy et je crois toujours sentir la chaleur de son sourire quand je le porte. Avec efficacité et maitrise je dépouille les deux lièvres et en mets un sur la broche pour mon repas du soir.

Pour mon invitée je place des beaux morceaux de viande dans un bol et je prépare un récipient d’eau de source limpide et rafraichissante. Je ne comprends pas pourquoi je lui fait autant confiance, mais dans un sens seul la nature n’a jamais fait de tour de vache comme les humains.  Une barge de plastique pour éviter les dégâts et je dépose le tout devant la magnifique bête. Mon repas sera prêt que dans une heure et je vais faire comme de coutume. Dès que je peux je sors mon violon pour accompagner l’âme de mon grand-père qui devenait en paix avec la paisible musique que je jouais. La musique remplace ma voix que je n’ai jamais eue. Je fais un rictus amical au puma étendu sur le lit emmitouflé par la couverture qui me rappelle à chaque fois mes parents. Car oui c’est la couverture que j’avais avait cet accident crève-cœur. Mon instrument en main je commence à jouer un air qui vient de surgir des flots de mes souvenirs. Une composition douceâtre et  remplit d’une douceur palpable. Papy semblait remplit de béatitude et s’assoyait toujours un tendre sourire sous sa barbe garni et se laissait bercer par les arabesques symphoniques des notes. Peut-être que l’animal qui est couché non loin de moi va se faire envouter comme mon héros et lui procurer un repos mérité…

Partition au violon:

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Je joue doucement une de mes partitions favorites, en fait celle qui faisait sourire tendrement mon grand-père. Ce héros qui a tenu tête à une engeance démoniaque et qui m’a élevé dans l’amour et la compréhension totale de la nature. Sans lui je me serais suicider et je ne serais pas le chasseur accompli que je suis. Un peu plus et je pourrais sentir sa présence auprès de moi, bien assis dans cette chaise berçante que nous avons construit avec un arbre mourant de la forêt qu’il appréciait tant. J’ouvre mon œil valide et je vois la forme gracile de la puma venir à mes pied et se coucher comme un gros chat de maison. Je lui souris tendrement du côté que je peux, l’autre ne fait que ce rictus que je hais tellement. Avant de continuer de jouer de mon instrument de prédilection, le violon dont plusieurs pensait que j’allais être le prochain virtuose avant mon accident qui m’a transformer en monstre, je replace la couverture son la féline avec des gestes délicats et surtout tendres. Car oui j’adore tous les animaux et malgré que je chasse et je pêche pour me nourrir, jamais je n’enlève une vie pour le profit ou bien la gloire. Je consomme tout de l’animal, de sa chair juste à sa fourrure. Rien n’est perdu. Je lui caresse l’échine avec douceur et je continue de jouer partition sur partition pour notre plus grande quiétude. Bientôt je m’arrête et je mange ma pitance rapidement avant de revenir m’assoir tout près de la superbe prédatrice. Elle semble soulagée, en paix que je reprends mon violon pour jouer quelques airs. Mais je sens l’inspiration venir, me saisir et me faire fermer les yeux. La féline longer près de moi me fait penser à un air, une harmonie sincère entre l’homme et la nature sauvage. Un cycle fragile mais merveilleux que je préserve coûte de coûte. Je joue avec mon cœur, mon âme et j’accompagne l’esprit de la puma vers les songes apaisants. La mélodie se construit et je sais qu’elle sera gravée dans ma mémoire.

Je passe une partie de la soirée à jouer, ajoutant couplet et des ballets de notes sublimes à ce morceau que seul moi et la féline sublime pourront connaître. Car je ne joue plus jamais en public. Car j’expose ma laideur, ma gueule passé au lance-flamme directement en prenant la pose et en jouant. Alors quelques soient la musique que je vais faire naitre de mon instrument, les gens ne verront que laideur et répugnance.  Durant la nuit je change aussi le pansement à la féline endormie. Je vois que sa blessure guérit rapidement et qu’au matin elle sera libre de courir librement. Une bonne senteur de camomille se déverse dans l’air, l’huile de cette plante favorise la cicatrisation et surtout efface la cicatrice. Quelques fois je vois que l’animal semble sursauter sous un mauvais rêve. Alors je joue du violon pour l’apaiser et je lui caresse la fourrure en un geste d’une tendresse que je n’ai jamais pu partager autour de moi. Car qui voudrait d’une chose immonde et qui n’est pas foutu de parler comme moi? Je sais que l’amour me sera interdit et je l’ai accepté. Donc je profite de l’instant présent pour cajoler et donner une affection aussi authentique que sincère à ce magnifique spécimen. Mais bientôt le sommeil réclame son dû et je m’endors tout près de la féline. Tout près de moi le matériel de soin et mon violon. Gage de ma présence et de mon soutien à ce puma qui me semble tellement humain…

Composition inspirer par la nature et Karianne:

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Voilà longtemps que je me suis senti si bien. En paix et surtout rassuré par la présence d’un autre être vivant à proximité de ma carcasse carbonisée. Je rêve de violon, de douceur et d’une tendresse que je ne pourrais jamais avoir. Car je sais ma place dans la hiérarchie de notre monde. Il y a les autres et moi, la lie immonde et défigurée par le feu. On rajoute en plus que je suis muet et voilà je suis bien mieux de vivre en ermite. Habituellement mes songes sont d’une terreur sourde et d’une souffrance qui me fait éveiller en sursaut couvert de sueur le regard complètement hagard. La démone me fascine et me dégoute, je ne veux que l’empêcher de poursuivre son règne de mort et de douleur. De venger mon héros qui fut posséder et que j’ai dû tuer. J’ai le sang d’un homme extraordinaire et d’une bonté absolue sur mes mains à cause d’elle. Je me revoie, témoin paralysé et impuissant du combat entre le bien et le mal. Je rage littéralement et ensuite c’est la descente aux enfers car je dois me défendre contre celui qui fut tout pour moi. Mais grâce au puma, à ce moment de sollicitude et de compassion, j’ai appris à redevenir un peu plus humain. Je dors profondément et je n’entends pas le pas furtif et léger qui avait remplacé la démarche féline et prédatrice de la sublime créature.

Je m’éveille et m’étire. Merde de hell j’étais appuyer contre mon lit et je suis tout courbaturer. Je vais devoir me mouvoir au ralenti pour retrouver ma démarche souple et furtive de chasseur. Un café sera le bienvenu pour me remettre les méninges en place. Je veux caresser la douce fourrure du puma à mes côté pour m’assurer que je n’ai pas rêvé. Mais ma main couverte de cicatrices, ces marques laisser par le baiser ardents des flammes, ne rencontre que le vide. Mon œil valide s’agrandi de surprise et je vois mon violon et les pansements qui m’entourent. Donc la féline est parti. Je me redresse et alors je fige comme un cerf totalement éblouie par les phares d’un camion de braconnier. Une jeune femme sublime, magnifique comme l’aurore qui se profile dans son dos, se tient debout dans ma cuisine. Pendant un instant je cesse même de respirer. Elle est comme un ange qui est descendu du ciel pour apporter douceur et réconfort de sa simple présence. Je dois rêver encore. C’est certain. C’est impossible qu’une femme soit à moins de cinq mètres de moi et ne détourne par le regard de dégoût et de frayeur. Mon œil de faucon vert comme les pins enregistre cette vision du paradis. Une chevelure longue noire de jais, couleur aile de corbeau qui attire toute la lumière et l’absorbe pour faire sortir l’ivoirien d’une peau de porcelaine. Soulignant la perfection de son visage dont les traits semblent tailler par un artiste visité par la muse. Une beauté gracile et radieuse comme mille soleils incandescents. Des yeux d’azur qui me rappelle la douceur d’un ciel pur et sans nuage d’un jour d’été. Des lèvres sensuelles comme les actrices des films.  Un long cou de cygne et…

C’est alors que je commence à trembler et aussitôt je détourne le regard de honte. La partie intacte de mon visage devint rouge tomate, sûrement visible de Vagan. Tête incliné, je lui présente mon flanc gauche par automatisme. Ma gêne maladive d’être près des femmes. De les dégoûter avec mon apparence ingrate et de ma stature petite et aucunement musclé comme les beaux adonis. Mais ce qui me perturbe totalement c’est qu’elle est emmitouflée dans ma couverture carottés noir et rouge que mes parents m’ont offert à ma fête, soit quelques jours avant leurs morts abruptes. Encore pire je crois qu’elle est flambant nue dessous. Là je panique, je tremble de tous mes membres. Je n’ai jamais osé imaginer être en présence d’une telle magnificence dans sa tenue d’Ève. Je cherche le puma du regard mais aucune trace. De ma main épargnée des flammes je tapote mon macaron « Bonjour je m’appelle Daniel et je suis muet. » Juste pour lui expliquer mon manque de parole. Merde hell, je crois que si j’aurai pu parler je n’aurai rien trouvé à dire en fait. Juste un « EUH… ». L’ange doit se foutre de ma gueule carboniser et se demander quand je vais claquer une crise cardiaque. Alors je lui fais un salut de ma main saine et aussitôt j’essaie de retrouver la féline pour m’assurer que sa patte est en voie de guérison. Mais rien. Cette fouille a le mérite de calmer mes tremblements. Je m’approche craintivement de la jeune femme, toujours en présentant mon profil morne et anodin. J’écris rapidement une note de ma calligraphie qui reste élégante et sur malgré ma timidité. Je glisse la note et aussitôt j’écris un mot en me qualifiant de stupide.

Daniel- Bon matin. Vous n’avez pas vu un puma passé? Elle est blessée et je veux m’assurer qu’elle va mieux.

Bravo tête de nœud. Tu as une étrangère chez toi et tu t’informe pour le puma. Je me fais une claque mentale en lui donnant le second papier.

Daniel- Je m’appelle Daniel. Vous êtes perdue en forêt? Vous êtes en danger?  Un individu vous poursuit?

C’est un peu mieux comme raisonnement car à ma connaissance personne ne se promène les fesses à l’air dans les bois pour le plaisir.

Daniel- Vous voulez des vêtements? Vous avez faim? J’ai des fruits et je peux faire des pancakes.

Je ne crois pas qu’elle voudrait me faire du mal, car j’étais à sa merci pas plus tard qu’il y a cinq minutes. Je lui fais un petit sourire sympa et surtout timide. Mais heureusement qu’elle voit que ce côté normale de ma personne. Mon rictus est affreux et mes tissus cicatriciels doivent donner le haut de cœur…

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Je m’efforce de cacher ma laideur à l’être céleste qui arpente la cuisine d’un monstre de foire comme moi. Je mets rapidement mes gants pour cacher les stigmates cauchemardesques qui sont visibles sur ma main droite. Je ne veux pas qu’elle soit terrifiée encore plus en comprenant que je suis un être misérable et immonde avec encore plus de tissus cicatriciels sur le corps.  Mais dès qu’elle commence à parler je suis sous le charme. Oui j’adore la nature et sa voix douceâtre me rappelle le clapotis apaisant de la pluie sur les feuilles d’arbres, le vent qui folâtres avec les herbes longues, un mariage d’oiseaux joyeux.  Je suis persuadé que les voix célestes doivent être pâles en comparaison de cet enchantement.

Ange- Oh ! Je suis désolée je ne parle pas du tout la langue des signes.

Je lui écris rapidement deux notes. Merde de hell que je suis con comme la lune. Je parle du puma alors que m’a première question est comment une femme si magnifique se retrouve chez moi avec ma couverture fétiche sur les épaules. Surtout qu’elle est nue comme un vers. De nouveau le rouge remonte sur la partie de mon visage qui à échapper au supplice du feu. Au moins il y a ça de bons avec ma gueule de bougie fondue, les cicatrices restent blanchâtres et laides.

Ange- Oh, vous écrivez si bien. Un puma ?

Si elle veut savoir combien de fois à la minute je peux prendre une nouvelle teinte de rouge, elle va le savoir rapidement. Voilà très longtemps que personne ne m’a fait un compliment. En fait depuis l’accident qui m’a rendu un monstre aux yeux de la société. Un être honni de par son apparence par tous. Elle fit alors un mouvement d’une grâce céleste, un pas qui dévoile sa cheville et son mollet qui est racé et digne d’appartenir à un mannequin international. Alors je rougis à un point tel que Papy doit rigoler assis sur son nuage de me voir ainsi. Je ne peux détacher mon regard du sol et je tremble comme une feuille à cause de ma gêne maladive. C’est alors que la divine apparition m’avoue une facette de son être qui me laisse sans voix.

Ange- Je… Je suis le puma que vous avez soigné.

Sur le choc je détourne alors la tête pour lui faire face. Exposant ainsi toute la laideur et les stigmates que le feu assassin m’a laissés en retour après avoir pris mes parents. Pendant un instant ma logique et la raison me souffle que c’est des conneries. Mais sa blessure à la cheville est réelle. L’être céleste semble être aussi timide que moi pour la suite et je plonge mon deuil valide dans ce regard si envoutant et merveilleux. Étant empathique, je ressens et vois bien des choses.  Je repense aux yeux du fauve et je trouve des similitudes troublantes dans la pureté du regard de l’ange. Donc c’est le même et unique être. En plus j’ai bien vu une démone attaquer et prendre possession de Papy. Donc si Dieu dans sa sagesse a jugé bon de créer les êtres maléfiques pour tester notre Foi, le tout-puissant a donc créé des êtres de légendes pour embellir notre monde. Alors que mon esprit roule à toute vitesse je me souviens la position que je me tiens devant l’être sublime. Comme un con de poisson hors de l’eau la bouche ouvert et les bras ballants.  Je me rends alors compte que je lui impose ma gueule de cauchemar et j’écris une note rapidement pour l’empêcher de quitter. Je lui tends alors en tremblant de nouveau de gêne et je me recule vers le coffre de pin qui contient les vêtements de mon héros.

Daniel- Je vois que le puma et vous vous avez la même lueur dans le regard. Une belle âme et une douceur lumineuse  aussi. Je vous crois, mais c’est la première fois que je fais une rencontre pareil. Ça doit être super de pouvoir évoluer dans la nature dans la peau d’un animal. Une superbe liberté. N’ayez crainte j’ai l’air d’un monstre, mais je ne crois pas que je suis un. Juste un accident.

Je reviens alors avec une panoplie de vêtements : t-shirt, boxer, survêtements de jogging et bas de laines. Tout est bien plier et sent bon. Je dépose le tout sur le coin de la table tout en prenant bien garde à lui présenter mon bon profil. De nouveau d’une main tremblante je lui donne une note.

Daniel- Voilà. Restez s’il-vous-plait. Je n’ai jamais personne qui ose rester avec un être qui est muet et qui ressemble à une guimauve trop cuite. Si vous voulez vous doucher et vous changer c’est la première porte à gauche.  Je prépare les pancakes. Vous voulez du thé, du café ou du chocolat chaud?

Et alors une évidence me fait rougir comme si j’étais sur le point d’avoir une attaque cardiaque. Merde de hell. L’ange m’a vu en torse nu hier. Le spectacle horrifiant et désolant de ma laideur en pleine lumière du jour. Elle doit être traumatisée à vie. Que je suis un gros connard. Aussi mes caresses apaisantes et tendres d’hier. Je lui ai flatté le dos, caresser son visage et les flancs. MERDE DE HELL! J’ai été un monstre de la caresser de la sorte. Donc ça me surprendrait pas qu’elle quitte. Aussi parfaite à mon regard elle doit avoir des gens aimants qui l’entourent. Un amoureux ou un fiancé car c’est impossible qu’elle soit seule. Elle va sortir aussi rapidement de ma vie qu’elle y est entrée. Car je suis un monstre tout simplement et elle un ange…

@Karianne Myklebust

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J’écoute la douce voix qui me caresse l’ouïe comme le fait le vent folâtrant dans les feuilles d’un chêne centenaire. Elle m’apprend alors qu’elle est une métamorphe, une sublime création de Dieu. L’être céleste peut revêtir l’apparence de toutes formes animales à sa guise. Durant mes recherches je n’avais que lu sur les lycans. Selon les écrits des êtres malveillants qui se ripaille de chair humaine lors des pleines lunes. Mais avec la divine apparition je me sens bien, comme si par un sourire elle pouvait simplement apaiser le Chasseur et me faire sentir si bien. Elle fait un pas vers moi et aussitôt ma gêne maladive me fait trembler doucement. Ça me surprend car c’est moins prononcé qu’en ville ou bien avec près des dames en général. C’est comme si l’ange à la chevelure noir de jais commençait à apprivoiser ma crainte et permettre à mon palpitant de cogner moins fort dans mon torse chétif. Elle me sourit de nouveau en prenant les vêtements et je sens une douce chaleur envahir mon estomac. Je me sens si bien en sa présence. Je rougis de nouveau sous l’effet qu’elle me ne voit pas comme un monstre, de sa douceur et quand elle accepte de rester pour déjeuner je me retiens de courir partout de joie comme un louveteau tout exciter. Je hoche la tête et lève mon pouce pour le chocolat chaud. Je la regarde s’éloigner de son pas gracile et félin et je dois me secouer la tête et me pincer pour m’assurer que je ne rêve pas.

Aussitôt que j’entends la douche couler je me tire de ma stupeur. Je fais chauffer du lait et prépare les chocolats chaud. C’est bien plus velouté de cette manière et j’adore. Je fais les pancakes, prépare les fruits de champs et sort le sirop d’érable que je fais à chaque année. Toute la table est prête quand elle sort de la salle de bain, elle me voit en train d’écrire des notes de musiques sur un papier à partition. Il me manque quelques touches et l’inspiration me vient alors de l’être céleste qui s’avance vers ma gueule de con à demi carboniser. Je détaille son mouvement qui semble coulé dans le vif-argent. Le pas félin. Je fini rapidement, presque avec la célérité d’un compositeur de talent qui vient de voir sa parfaite muse, avant de me lever comme si j’étais sur des ressorts. Je lui tire la chaise comme j’ai vu dans les films. De nouveau je lui épargne ma laideur et j’écris une note de ma belle calligraphie.

Daniel- Je suis né muet. Mes parents m’appelaient leur bébé miracle vu qu’ils n’ont jamais pu avoir d’autres avant. Mais j’ai découvert le violon très jeune et avant l’accident on disait que j’étais un virtuose et que je serais le prochain Ole Bull. Et vous avez de superbes tatouages. C’est des dessins qui sont importants pour vous ou bien vous les avez choisis car ils sont magnifiques? Moi je ne peux pas vraiment en faire je crois. Mais vous ressemblez à un chef d’œuvre.

MERDE DE HELL! Je viens de réaliser ma connerie quand je lui tends le mot. Je la complimente pour ses tatouages et la compare à un chef d’œuvre, donc une des plus belles personnes que j’ai vu de ma vie. Je rentre ma tête dans mes épaules de honte et je vais finaliser les pancakes. Je dépose une bonne assiette, avec fruits des champs et même du jambon et bacon dans une petite assiette, devant l’ange de la douceur et je lui apporte le mug de chocolat chaud. Je m’assis alors et fini la composition que l’être céleste m’a inspirée. Voilà longtemps que je n’ai pas écrit de la musique en fait. J’écris une note alors et rougis en lui tendant.

Daniel- Désolé si je peux paraître si bizarre. C’est la première fois que je suis près d’un ange et d’habitude on m’envoie promener pour ne pas me voir la gueule que je trimballe. Vous habitez loin d’ici? Ça vous dérange de me dire votre prénom? Aussi je tenais à m’excuser pour hier. Je sais que vous avez vu mon torse et ce n’est pas trop joli. Aussi j’ai flatté votre pelage quand vous étiez le puma. J’espère que ça ne vous a pas dégouter. J’ai tout fait pour vous apaiser et j’ai même joué du violon.

Je voudrais bien rajouter que c’était la première fois que je me sentais si bien, apaiser. À cet instant j’étais bien avec elle comme je ne l’ai jamais été avec personne. Mais elle va sûrement sortir de ma vie car un être céleste comme elle doit avoir des amis, une famille et un amoureux. Alors pourquoi perdre du temps avec la lie de l’humanité, un ermite à l’apparence honni de tous et muet de surcroit. Je mange doucement en l’écoutant avec attention, lui démontrant qu’elle était importante à mes yeux et pivotant même sans me rendre compte un peu le visage pour lui montrer mes deux profils. Chose que je n’ai jamais fait…


@Karianne Myklebust

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