La pluie arrive ☆ nérina

Astéria nageait depuis des heures. Elle ne faisait rien de particulier, elle nageait comme certains marchaient pour s’occuper et passer le temps. Aujourd’hui était un jour comme les autres, à la différence qu’elle ne travaillait pas. Sa journée lui paraissait alors si longue. C’était d’ailleurs l’ennui qui l’avait poussé à sortir de chez elle pour nager un peu, ne s’éloignant pas trop malgré tout. Même avec le temps et avec l’âge, Astéria supportait mal d’être loin de chez elle. Elle avait appris à connaître la surface et à s’y sentir aussi bien que possible. Elle n’aimait pas autant sa vie à la surface que sa vie dans les profondeurs, mais elle la supportait désormais. Elle avait appris à apprécier la beauté des paysages, à apprécier le fait de marcher plutôt que de nager. Elle aimait tout particulièrement courir, elle se sentait presque aussi libre que lorsqu’elle nageait. Pas autant, mais presque.

Après avoir passé autant de temps à nager, Astéria avait passé le reste de la journée en compagnie de sa famille. Sa journée paraissait interminable tant elle s’ennuyait terriblement. Elle n’attendait qu’une chose en réalité, sa seule véritable activité de la journée : aller chercher sa sœur à la surface lorsqu’elle aurait terminé son travail. L’heure arrivait et elle fut heureuse de s’en rendre compte. Sans perdre une seconde, elle était donc remontée à la surface pour rejoindre sa grande sœur.

Astéria le faisait souvent, lorsqu’elle le pouvait du moins. Une fois sortie de l’eau, elle avait marché jusqu’au café, jetant un coup d’oeil de temps à autre au ciel qui semblait annoncer de la pluie. Elle avait alors pressé le pas jusqu’à arriver au café. Elle devait terminer sa journée d'ici peu, quelques minutes encore et elles pourraient rejoindre leur chez elles. Astéria attendait patiemment sa soeur qui était en train de terminer son service, adossée à l'un des murs de la cuisine, elle observait le ciel par l'une des fenêtres, qui semblait toujours aussi menaçant. « Nérina, il va pleuvoir et je n'ai pas envie de rester ici, coincée pendant des heures ! » Dès que les premières gouttes d'eau tomberaient, les deux soeurs ne pourraient plus sortir de ce café, pas avant que la pluie ne s'arrête en tout cas. Et si cela prenait des heures, Astéria imaginait déjà toutes ces longues heures d'ennui à attendre encore et encore. « Je repars sans toi si tu ne vas pas plus vite ! » Affirma-t-elle. Et ce n’était pas une blague, Hors de question qu'elle ne puisse rejoindre l'eau avant le début de l'averse parce que sa chère grande soeur avait décidé de prendre son temps.

Nérina avait commencé son service très tôt dans la matinée et comme bien souvent, elle y était allée en traînant des pieds. Elle détestait son métier, elle n'aimait pas ce qu'elle faisait. Trop fatiguant, trop bruyant, trop fréquenté, trop de sourire, trop de tout. Si elle pouvait faire autrement, elle le ferait. Seulement, elle devait travailler sur la terre ferme. Et puis dans le fond, ce café était utile pour elle, remplis de nourriture, elle n'avait plus qu'à faire son choix le moment venu, surtout qu'il était très fréquenté par les personnes ayant la vingtaine.

La matinée avait été très longue pour Nérina, elle avait l'impression que chaque seconde était égale à une heure. En faisant son service, elle avait dû écouter les plaintes d'un client pendant de très longues minutes, alors que dans le fond elle s'en fichait royalement et en plus de cela, elle n'était absolument pas concernée par ce que la personne était en train de lui dire. La sirène avait les yeux trop souvent rivés sur l'horloge qui ornait le mur, elle n'attendait plus qu'une chose : la fin de journée pour enfin arriver à la fin de son service, pour pouvoir rentrer chez elle, être auprès des siens, pouvoir retrouver la mer, pouvoir nager comme elle aimait tant le faire.

En fin de journée, la salle devenait de plus en plus sombre, le ciel commençait à se couvrir, les nuages sombres commençaient à peupler le ciel, la pluie n'allait sans doute pas tarder à tomber. Nérina avait plutôt intérêt à se dépêcher de terminer avant que l'averse ne tombe. Si c'était le cas, elle allait devoir rester enfermer dans ce café une éternité de plus, juste pour ne pas avoir à se retransformer au contact de la moindre goutte d'eau, sans quoi elle allait mourir rapidement. L'un des seuls inconvénients de la vie d'une sirène. Nérina pressait le pas, elle n'avait pas envie de rester ici des heures encore. Astéria venait d'entrer, elle le faisait souvent quand elle ne travaillait pas, mais même avec sa présence Nérina n'avait aucunement envie de rester là. « Je fais vite Astéria, si je peux te rassurer, je n'ai pas non plus très envie de rester enfermée ici encore longtemps. » Astéria devait bien savoir que ce souhait de quitter au plus vite le café était commun à toutes les deux. « Une minute Astéria, j'ai terminé. Je reprends mes affaires et on peut y aller. » La cadette aurait parfaitement été capable de partir sans sa sœur, mais elle n'allait pas avoir à le faire puisque Nérina venait de terminer. La brune prit ses affaires, saluées les personnes qui travaillaient avec elle, avant de jeter un dernier coup d’œil aux vitres pour s'assurer que la pluie ne commençait pas à tomber. Nérina enfilait son manteau tout en quittant le café. « J'ai l'impression qu'on va devoir faire très vite si on ne veut pas se faire mouiller hors de l'eau. »

Astéria était habituée à observer le ciel et le temps. Il était plus que vital pour elle de faire attention, de ne pas être surprise par la pluie. Une seule goutte suffisait pour mettre sa vie en danger. Alors elle faisait attention aux signes et elle ne prenait aucun risque, ou presque. Le seul véritable problème était qu'ici, sur ces îles, il pleuvait très souvent. Alors ses sorties hors de l'eau étaient parfois limitées. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Les yeux perdus dans le ciel que l'on pouvait apercevoir à travers une fenêtre, Astéria savait que la pluie arriverait. Tout le monde le savait sans doute, le ciel était en train de s'assombrir, le temps était clairement en train de tourner. Alors, la sirène pressait sa soeur. Elle ne voulait pas rester enfermée ici des heures durant.

La jeune femme savait que sa soeur n'aimait pas particulièrement son travail et qu'elle ne devait sans doute pas avoir plus envie qu'elle de rester ici. Pourtant, Astéria trouvait le temps long et elle avait l'impression que sa soeur traînait. « Tu te fiches de tes affaires, dépêche toi ! » Quelle importance après tout ? Elle pouvait bien s'en passer ! Il allait pleuvoir et courir pour retourner dans l'eau n'allait peut-être même pas être suffisant. Alors elles devraient trouver un abri très vite pour éviter d'être mouillées. « Je ne viendrais plus te chercher ! » affirma Astéria, boudeuse, qui craignait ce qui pouvait lui arriver à la surface. En réalité, elle continuerait sans doute à venir la chercher. Enfin, sauf si elle mourrait bêtement à cause de la pluie. « On y va ? » demanda la jeune femme lorsque sa soeur fut prête. Elle attendit la réponse, et avant de franchir la porte du restaurant, elle regarda le ciel. « On court ? » Elles n'avaient pas réellement le choix si elles ne voulaient prendre aucun risque.

« Oui, je me dépêche Astéria. » Nérina faisait au plus vite, elle n’avait pas envie de rester enfermée ici et elle n’avait pas non plus l’intention de perdre bêtement la vie à cause d’une averse. Cependant, elle ne se fichait pas de ses affaires, même si sous l’eau son manteau ne lui servait à rien, elle n’avait pas envie de le laisser là. De plus, ce n’était pas le fait d’attraper ses affaires qui allait lui prendre du temps, une seconde lui suffisait pour le faire, elle passait juste à côté de toutes façons. « Si tu le dis. » Nérina n’était pas idiote, elle savait bien que sa sœur ne pensait pas ce qu’elle disait, en partie parce que ce n’était pas la première fois qu’elle lui sortait cette phrase, pourtant, elle était bien là, elle était bien venue la chercher. « Oui, on peut y aller. » Nérina avait ses affaires en main, elle avait salué rapidement ses collègues de travail, pas le temps de parler pendant des heures la pluie n’allait pas tarder à tomber et très honnêtement Nérina n’était même pas certaine de pouvoir atteindre l’eau avant que l’averse ne tombe. Les deux jeunes femmes regardaient le ciel, elles allaient devoir faire vite pour rentrer. Elle allait peut-être devoir avancer pendant deux averses, se mettant à l’abri avant que l’averse ne tombe, et ainsi de suite pour arriver saine et sauve jusqu’à chez elles. « J’ai l’impression qu’on ne va pas avoir le choix. » Les deux jeunes femmes ne courraient pas aussi vite qu’elles ne nageaient, dommage, elles auraient pu atteindre l’eau beaucoup plus rapidement. Nérina ne perdait pas une seconde, elle lançait un dernier coup d’œil au ciel qui devenait de plus en plus noir, puis elle s’était mise à courir le plus vite possible. « Allez Astéria, arrête de traîner, tu te plaignais de ma lenteur, mais maintenant que nous sommes dehors, tu traînes. » Nérina se moquait de sa jeune sœur, mais dans le fond, elle n’avait pas tord, elle allait devoir se dépêcher deux fois plus parce qu’il n’y avait pas d’abri à proximité et la pluie n’allait vraiment plus tarder, il faisait sombre et l’orage commençait à se faire entendre. « Astéria, je pense qu’on va devoir faire un petit détour pour se mettre à l’abri, mais il faut faire vite, ce n’est pas tout à côté. » Nérina parlait d’une vieille bâtisse en bois, elle n’était pas très grande et elle était surtout très ancienne, mais normalement, la pluie ne passait pas à travers, alors elle allait pouvoir s’y abriter le temps de laisser passer la première averse en espérant qu’elle ne dure pas une éternité.

Astéria trouvait que sa soeur traînait et elle ne se gênait pas pour le lui dire et lui répéter. Quel besoin avait-elle de récupérer ses affaires ? Elle les retrouverait sans doute à la même place le lendemain. Et selon Astéria, Nérina perdait bien trop de temps à les récupérer. Chaque seconde avait une importance dans leur situation. Alors elle pestait, jurant qu'elle ne viendrait plus la chercher. Sauf que Nérina savait très bien que sa soeur parlait sans penser un mot de ce qu'elle était en train dire. C'était juste la peur qui la faisait parler.

Enfin l'aînée avait terminé de récupérer ses affaires et les deux soeurs partirent enfin, après un dernier coup d'oeil vers le ciel. Il s'assombrissait à une telle vitesse que la pluie arriverait sans doute très rapidement. Astéria proposa alors à sa soeur de courir et comme cette dernière le signala, elle n'avait pas réellement le choix. Les deux soeurs se mirent alors à courir. Astéria avait toujours été plus lente à la course, mais elle se défendait pas mal à la nage. Elle avait beau avoir des jambes depuis douze ans, elle avait beau aimer courir, elle n'arrivait pas à être la plus rapide. « Tu sais que tu es plus rapide que moi... » essaya-t-elle d'articuler, entre deux respirations. « mais attend un peu une fois dans l'eau, on verra celle qui nage le plus vite ! » la défia-t-elle, comme souvent. Astéria essayait donc de suivre, épuisée à un mètre derrière sa soeur. Trop concentrée sur sa course contre la montre, elle sursauta lorsque l'orage éclata plus loin. « Je te jure que jamais plus je ne viens te chercher ! » Pesta-t-elle, morte de peur lorsque sa soeur lui indiqua qu'elles devaient se mettre à l'abri. « Je te suis ! » les deux soeurs se dirigèrent alors vers une minuscule bâtisse en bois. Elles puisaient dans leurs dernières forces pour courir plus vite et arriver à l'endroit souhaité en quelques minutes. Épuisée, Astéria se laissa tomber au sol à peine la porte fut-elle refermée. « Je déteste courir, je déteste avoir des jambes, je déteste la surface, je déteste la pluie et je déteste cet endroit ! » Elle releva les yeux vers sa soeur, souriante. Elle détestait tout ça, mais, dans le fond, ça l'avait bien amusé. « Tu es certaine que nous sommes à l'abri ici ? » C'était minuscule et le toit n'avait pas l'air si solide. Elles devaient être prudentes, une goute suffisait.

Les deux jeunes femmes devaient courir pour éviter la pluie et elles avaient intérêt à se dépêcher si elles ne voulaient pas finir mouillées et mortes par la même occasion. « Tu es certaine d’être prête à te faire humilier une fois de plus p’tite sœur ? » Nérina était devant sa jeune sœur, elle courait plus vite en effet, mais elle était aussi partie un peu plus tôt qu’Astéria. Mais c’était de toute façon un jeu entre les deux sœurs, enfin ça amusait surtout Astéria. Plus le temps de s’amuser ou de taquiner, l’orage commençait à gronder, il ne fallait pas tarder à s’abriter, parce qu’elles n’auraient nullement le temps d’atteindre l’eau avant que la pluie ne tombe. « Bien évidemment, je te crois Astéria. Ce n’est pas comme si tu pestais souvent en disant cette phrase. » Nérina souriait, elle avait l’habitude d’entendre sa sœur dire cette phrase, elle le répétait souvent, mais elle continuait toujours à venir la chercher dès qu’elle le pouvait. C’était tout à fait Astéria, dire des choses qu’elle ne pensait pas et finalement ne pas tenir ses propres promesses. « C’est par-là. » Heureusement que Nérina connaissait un endroit pour s’abriter tout près d’ici. Une petite cabane en bois, assez vieille et petite, mais elle faisait très bien l’affaire. Nérina n’avait jamais couru aussi vite, comme quoi la peur pouvait pousser les gens à faire plus qu’ils ne pensaient pouvoir faire. Les deux sœurs étaient enfin arrivées à la petite cabane, la pluie commençait à tomber quelques secondes après que la porte fut fermée. « Dis-moi ce que tu aimes Astéria, on ira beaucoup plus vite. » Nérina souriait, sa sœur l’amusait, elle aimait se plaindre, depuis toujours, elle pestait souvent, comme elle était en train de le faire en ce moment même. « Certaine ? Presque. J’espère que cette réponse te suffit puisque de toute façon, on ne peut pas faire autrement. Et puis cet abri m’a déjà bien aidé par le passé. Enfin, à ta place, je me décalerais légèrement, parce que je n’ai jamais eu confiance en cette petite fissure dans le plafond juste au-dessus de ta tête. » Nérina avait pris place sur la petite table qui était juste dans un coin de la cabane. Elle n’avait plus qu’à attendre que la pluie s’arrête, mais ça allait sans doute être long. « Tu as passé une bonne journée ? » Elles devaient bien discuter de quelque chose pour faire passer le temps.

« Je sais que tu as peur de perdre ! » essaya-t-elle de répondre, essoufflée. Astéria n'allait pas se laisser battre deux fois. Sa grande soeur venait de la battre à la course, elle ne perdrait certainement pas à la nage ! Les deux soeurs continuaient de courir, l'orage grondant derrière elle. Les premières gouttes allaient sans doute bientôt tomber, Astéria jura alors de ne plus jamais venir la chercher, ne souhaitant plus mettre sa vie en danger. Évidemment, ce n'était pas vrai. C'était l'une de ses menaces préférées, tant elle la répétait encore et encore. Aux mots de sa soeur, la sirène se contenta de tirer la langue. Plus le temps de discuter, elles devaient accélérer si elles ne voulaient pas mourir bêtement ici, toutes les deux. Astéria, essoufflée, se laissa tomber au sol, contre un mur, à peine la porte refermée. Il ne fallut pas plus de quelques malheureuses secondes pour que la pluie commence à tomber. Les deux soeurs l'avaient échappé de vraiment peu cette fois-ci. Elles devraient sans doute se montrer plus prudentes à l'avenir.

Pestant contre tout, Astéria souriait malgré tout, amusée par la situation qu'elle venait de vivre, même si ça n'avait rien de drôle en réalité. « J'aime pester contre tout, voilà ce que j'aime ! » souffla-t-elle, tout sourire. Plus sérieuse, elle essayait de se rassurer quant à l'état de cette vieille cabane qui n'avait pas l'air bien solide. Etaient-elles vraiment en sécurité ? Ou venaient-elles d'échanger un danger contre un autre ? La réponse de Nérina n'était pas des plus rassurantes et aussitôt la jeune femme leva les yeux au plafond tout en se décalant rapidement. « Tu aurais pu me le dire plus tôt ! » pesta-t-elle. « Tu aurais été responsable de ma mort Nérina ! » exagéra-t-elle à peine. A la nouvelle question de sa soeur, Astéria haussa les épaules. « J'ai nagé une bonne partie de la journée ! Je ne travaillais pas aujourd'hui... » autant dire que sa journée n'avait pas été des plus passionnantes. « et la tienne ? » demanda la jeune femme, sachant très bien que sa soeur n'aimait pas son travail. « Pourquoi tu ne fais pas autre chose ? » demanda-t-elle en venant poser son menton contre ses genoux, repliés contre elle, consciente qu'elles avaient tout le temps de discuter.

« Si tu le dis. » Peur de perdre ? Certainement pas, ce n’était pas le genre de Nérina, elle ne craignait pas de perdre face à quelqu’un ou quelque chose. Elle perdait parfois, bien évidemment, mais ça ne l’empêchait pas de ne pas avoir cette peur, parce qu’elle savait qu’elle pouvait freiner beaucoup de choses, l’empêcher de faire de nombreuses choses…

La pluie allait arriver très rapidement, plus le temps de traîner et de s’amuser, il fallait presser le pas pour ne pas finir mouillées. À peine entrée dans la petite cabane en bois que la pluie s’était mise à tomber. Les deux sœurs avaient eux beaucoup de chance, une seconde plus tard, un petit retard causé par n’importe quoi aurait pu faire en sorte qu’ils se prennent la pluie et par conséquent, qu’elle en décèdent. « Je n’en doutais pas. » Il était vrai qu’Astéria aimait se plaindre, elle le faisait souvent, mais rien de méchant heureusement. Elle aimait juste pester, dire ce qui n’allait pas pour elle, ce qu’elle n’aimait pas… Autrement dit, elle aimait s’exprimer à haute voix. « C’est peut-être que j’en avais envie. » La sirène se mettait à sourire, elle se moquait de sa sœur une fois de plus. Elle aurait pu en effet dire à Astéria que le plafond juste au-dessus de sa tête fuyait, mais il commençait à fuir seulement quand la pluie avait bien mouillé le bois et il commençait à peine à pleuvoir, elle avait encore quelques minutes avant que quelques gouttes ne rentrent dans la cabane. « Tu avais encore un peu de temps avant de te prendre de l’eau sur la figure, je ne suis pas si bête. Je n’avais pas envie d’attendre la fin de la pluie avec un cadavre à côté de moi. » Nérina souriait de nouveau, toujours en cherchant à se moquer de sa jeune sœur. « Une journée ennuyante, faisait sans cesse les mêmes choses, voyant les mêmes visages… Non, j’ai passé une super journée. » La brune était ironique en disant cela, elle détestait son travail et à chaque fois qu’elle en sortait elle était soulagée de mettre fin à son calvaire. « Parce que je n’ai pas envie de changer pour me retrouver dans quelque chose qui me correspondrait encore moins, très honnêtement, je ne sais même pas ce que j’aimerais faire. Puis je n’ai pas non plus envie de quitter l’île, même juste pour aller travailler. » Nérina avait toujours les mêmes raisons que depuis le début. Elle n’aimait pas son travail, mais pouvait-elle se plaire quelque part ? Honnêtement, elle n’en savait rien, ce qu’elle aimait, c’était être libre, pouvoir faire ce qu’elle voulait quand elle voulait, pouvoir nager, organiser ses journées comme elle voulait….

Les deux soeurs venaient d'éviter, et de peu, la pluie. A l'abri, enfin elle l'espérait du moins, dans une petite cabane abandonnée, Astéria se mit à se plaindre de la situation. Pourtant, elle avait apprécié cette petite course contre la montre. L'un des rares moments où elle vivait une aventure un peu excitante. Enfin, elles étaient désormais à l'abri et Nérina conseilla à sa soeur de se pousser pour éviter cette fissure juste au-dessus d'elle, dans le plafond, qui risquait de laisser passer la pluie. « Si tu veux me tuer, tu peux utiliser un moyen moins cruel que celui-là ? » supplia-t-elle, amusée. Mourir alors que l'on avait été retransformée hors de l'eau était une mort atroce. Astéria avait déjà été retransformée, heureusement reportée à l'eau rapidement, et ce n'était pas amusant. Décalée et, cette fois-ci, normalement, à l'abri, Astéria reprit : « Vraiment, l'amour que tu me portes me touche beaucoup ! » pesta exprès la jeune sirène, toujours amusée par la situation.

Reprenant sérieusement, Astéria voulait profiter de ce temps pour discuter avec sa soeur. Et le premier sujet fut sur le travail de Nérina. La sirène savait parfaitement que ce travail ne lui plaisait pas tellement, elle le répétait suffisamment. Le menton contre les genoux, elle écouta la réponse de sa soeur. Pourquoi faisait-elle toujours ce métier, alors ? Astéria avait vraiment du mal à le comprendre. « Tu n'es pas obligée de quitter l'île... Il y a plein de choses à faire ici ! » Et elle pouvait travailler dans le monde sous-marin si vraiment elle ne trouvait rien à la surface. Après tout, les sirènes n'avaient aucune obligation de remonter à la surface pour survivre, alors pourquoi le faire ? « Rien ne t'oblige à faire toujours la même chose, travaille quelque part, fais autre chose, essaye, tente, amuse toi ! » Après tout pourquoi rester dans un seul et même job ? Elle avait toute sa famille derrière pour l'aider et la soutenir, elle pouvait tenter autant de fois qu'elle voulait jusqu'à trouver le job de ses rêves ou pour comprendre que c’était la vie qu'elle voulait : l'aventure, le changement... « Tu as une très longue vie qui t'attend, tu ne vas pas faire ce métier que tu détestes pour l'éternité ! » c'était sans doute l'un des meilleurs arguments.

« Ce ne serait pas marrant. » Nérina ne connaissait rien de la douleur que pouvait ressentir une sirène en mourant hors de l’eau. Elle pouvait cependant aisément s’imaginer l’atroce douleur. Cela devait réellement être horrible et elle espérait ne pas finir ses jours ainsi. « Je sais. » Nérina aimait jouer les sœurs cruelles et sans cœur, mais ce n’était pas le cas. Elle tenait à sa famille, mais cela l’amusait beaucoup. En réalité, elle donnait souvent l’impression d’être une personne froide, ne sachant s’attacher à personne, mais en réalité, elle n’était pas comme cela. Il fallait juste prendre le temps de la connaître, de s’attacher à elle.

Pourquoi Astéria voulait-elle parler du travail de Nérina ? La sirène détestait son travail, elle était obligée d’y passer une très grande partie de son temps et en plus de cela, il fallait que sa cadette lui en parle. Elle aurait préféré avoir n’importe quel autre sujet de conversation, plutôt que celui-là. Nérina écoutait donc sa sœur, sans prendre la parole pour le moment. Astéria lui disait qu’elle n’était pas obligée de quitter l’île pour trouver un travail qui allait lui plaire. Elle avait ajouté qu’elle devait tenter des choses, s’amuser et que sa vie allait être longue et qu’elle ne pouvait pas continuer à faire ce métier qu’elle détestait tant à tout jamais. Astéria avait sans doute raison, mais Nérina n’avait pas envie de se lancer à la recherche d’un nouveau métier. Si elle tombait sur quelque chose qu’elle détestait encore plus ? « Je ne compte pas faire ce métier toute ma vie, je ne le supporterais pas. Elle aurait préféré avoir n’importe quel autre sujet de conversation, plutôt que celui-là. » Nérina souriait à sa sœur, mais elle avait envie de changer de sujet. « J’espère que la pluie ne va pas tomber trop longtemps, j’aimerais nous savoir en sécurité rapidement. »

Astéria se contentait de tirer la langue à sa soeur alors que leur conversation se terminait. La sirène savait bien que sa soeur n'avait pas eu l'intention de la laisser mourir hors de l'eau et que ce n'était qu'une blague. La jeune femme reprit alors la parole pour lancer une conversation plus sérieuse, comme les deux soeurs pouvaient avoir de temps à autre. Après tout, elles étaient sans doute coincées ici pour plusieurs heures alors elles pouvaient bien prendre le temps de discuter, et notamment du travail de Nérina. Cette dernière le détestait et Astéria le savait parfaitement. Elle ne semblait d'ailleurs pas heureuse que sa soeur en parle. Elle le vivait mal et Astéria en avait conscience, c'était pourquoi elle ne comprenait pas que sa soeur continue à faire ça. Les sirènes étaient immortelles alors Nérina passerait beaucoup de temps à faire ce métier si elle ne se décidait pas à le quitter. Elle pouvait partir, faire autre chose, profiter de la vie et changer de travail aussi souvent que nécessaire. Après tout, leur famille était là et serait toujours là pour aider Nérina si elle en avait besoin. Elle serait toujours là pour la soutenir. Alors pourquoi se forcer autant ? Pourquoi continuer ? Nérina reprit alors la parole pour préciser qu'elle ne comptait pas faire ce métier toute sa vie. Astéria s'en doutait, mais elle était rassurée de l'entendre dire ça. « Tu sais que ça se voit quand tu changes de sujet ? » s'amusa la sirène lorsque sa soeur changea rapidement de sujet. Elle ne voulait pas parler travail et elle pouvait le comprendre, alors elle n'allait pas insister. « Tu ne nous trouves pas en sécurité dans cette magnifique maison ? Avec tous ces trous dans le plafond et ce bois humide ? » S'amusa de nouveau la sirène en regardant autour d'elle et en faisant de grands gestes. « Tu sais, je me demandais... » commença Astéria en reprenant sur un autre sujet, à son tour, « Quand tu quittes l'île, quand tu vas sur une autre île... Tu n'as pas peur des créatures que tu pourrais rencontrer ? » Astéria craignait la violence et le comportement des autres créatures, alors elle ne quittait jamais son île, même si l'envie était là parfois.

« N’importe quoi, je n’ai pas changé de sujet. » Nérina faisait l’innocente, même si elle avait bel et bien voulue changer de sujet. Ce n’était pas un secret, elle n’aimait pas son travail et elle n’avait pas envie d’en parler. Elle y passer déjà suffisamment de temps pour qu’une fois dehors, son seul sujet de conversation soit son travail. « Bien évidemment, je n’ai jamais vu de lieu plus sûr sur la terre ferme que cette magnifique petite cabane, mais je pense honnêtement qu’on sera encore plus en sécurité une fois à l’eau. » Ironie une fois de plus. Cette cabane avait déjà aidé Nérina à se protéger de la pluie par le passé, souvent en revenant du travail, mais avec le temps, la cabane se fragilisait de plus en plus. Le plafond était abîmé avec quelques trous, laissant l’eau s’infiltrer légèrement, le bois étaient très humide, à cause de toute la pluie qui s’abattait par ici, ce n’était pas étonnant. D’ailleurs, Astéria l’avait aussi remarqué, pas étonnant, c’était assez flagrant. « Toutes les créatures ne sont pas mauvaise Astéria. Nous sommes capables de nous défendre nous aussi. Et puis, il ne faut pas penser à cela, tu ne dois pas vivre avec la peur constante de rencontrer d’autres créatures. Ce n’est pas marrant d’avoir la peur au ventre, alors n’y pense pas et profite. » Bien évidemment, il fallait être prudent, certaines créatures pouvaient être très dangereuse, mais Astéria savait bien où elle avait le droit de se rendre ou non. Elle ne devait pas craindre de quitter leur île. Nérina avait de nombreuses fois quitté Flakstadoya, pourtant, elle était toujours là, toujours bien vivante et il ne lui était encore arrivé aucune mésaventure. « Si tu as peur de quitter l’île, tu n’as qu’à me demander, je peux t’accompagner. Au début du moins, pour te montrer que le monde en dehors de Flakstadoya ne rime pas avec danger constant. » Si Nérina pouvait parfois se moquer gentiment de sa jeune sœur, elle était cette fois-ci très sérieuse. Astéria devait profiter de voir toutes les merveilles de ces îles, même s’il n’y avait rien de plus beau que l’océan et ses secrets.

A la réponse de sa grande soeur, Astéria s'était contentée de lever un sourcil, un sourire en coin. Elle se moquait d'elle. Évidemment qu'elle avait changé de sujet, c'était plus que certain tant elle n'avait pas été discrète. Mais Astéria connaissait les sentiments de sa soeur par rapport à ce travail alors elle ne voulait pas l'embêter davantage avec. Les deux filles parlèrent donc de l'état de cette magnifique cabane. La sirène n'était pas certaine que cet abri soit le meilleur qui soit et ce n'était pas rassurant. « Continue de dire tes bêtises ! Si tu aimes tant cette petite cabane pour te protéger, je te conseille de la refaire un minimum parce qu'un jour ce toit te tombera dessus. » S'amusa la petite soeur, persuadée que cette cabane ne sera pas un abri pendant des années encore.

Le sujet changea encore, évoquant désormais les autres créatures et la peur d'Astéria face à elles. Cette dernière préférait n'en fréquenter presque aucune, craintive à l'idée de ne pas connaître leurs intentions et le mal qu'ils pourraient faire. Elle n'avait aucune confiance en eux. Elle n'accordait sa confiance qu'aux sirènes. Elle entendait les mots de sa soeur, mais elle n'arrivait pas à accepter l'idée que toutes les créatures n'étaient pas mauvaises. Elle le savait, ça. Mais elle ne pouvait pas différencier les bonnes des mauvaises et elle craignait de se retrouver en danger en faisant un mauvais jugement. « Je sais que je suis capable de me défendre, mais justement... Si j'attaque quelqu'un pour me défendre, je sais que tout le monde imaginera que j'en ai juste fait mon repas. Et puis je ne fais pas le poids face à certaines créatures avec des pouvoirs bien plus puissants. » Et puis, si elle se retrouvait face à plusieurs autres créatures, ses pouvoirs seraient-ils suffisants ? Elles aussi avaient des pouvoirs après tout. « Je préfère me protéger que d'avoir trop confiance et de le regretter ensuite. » elle préférait avoir peur et être prudente, que d'avoir un excès de confiance et de se mettre inutilement en danger. Au moins, elle se sentait en sécurité auprès des siens. « Tu aurais l'air bien bête si tu m'accompagnes pour ma première sortie hors de notre île et qu'on se fait attaquer. » s'amusa la sirène, plus pour se rassurer en plaisantant qu'autre chose. C'était un sujet qu'Astéria n'aimait pas particulièrement, elle discutait assez peu de ses peurs et de ses craintes, même avec sa famille. Elle n'évoquait que rarement le fait de ne jamais quitter son île. A ses yeux, c'était bien plus simple pour elle si elle n'en parlait à personne. « On pourra essayer oui, mais on voyage uniquement en nageant, hors de questions que j'emprunte des routes trop peu sûres, au moins, dans l'eau, je suis dans mon élément. » précisa-t-elle, prête à réellement essayer, un jour, de quitter l'unique île qu'elle connaissait malgré la peur, uniquement parce qu'elle serait accompagnée de sa grande soeur.

« Tu t’inquiètes donc pour moi, c’est adorable. » Toujours dans la taquinerie, cela ne changeait pas. En réalité, Astéria avait sans doute raison, la cabane était très ancienne, le bois était très abîmés et humide et avec le temps, elle n’était plus si étanche. Elle se délabrait rapidement, à vrai dire, depuis la première fois où elle s’était réfugiée ici pour échapper à la pluie, la cabane avait encore plus perdu en étanchéité, elle allait réellement finir par s’effondrer.

Les deux sœurs passaient par des sujets différents, profitant de ne pouvoir rien faire d’autre que discuter pour faire passer le temps. Astéria évoquait donc sa peur des autres créatures, une peur assez compréhensible, en sachant que toutes les créatures n’étaient pas bonnes. Certaines n’aimaient pas les sirènes, d’autres n’aimait que le goût du sang… Bien évidemment, il fallait être méfiant, il fallait savoir se défendre, connaître les lieux fréquentables et ceux qui ne l’étaient pas… Nérina faisait cela depuis qu’elle était très jeune. Adolescente, elle remontait souvent à la surface, alors que cela était totalement interdit, mais elle le faisait tout de même, rencontrant d’autres créatures, sans aucune crainte. Jeune, elle ne s’en approchait pas réellement, mais elle était souvent fascinée par d’autres créatures. « Arrête de te prendre la tête Astéria. Parfois, tu réfléchis beaucoup trop. » Elle se fichait bien d’être accusée par d’autres, elle était aussi tout à fait capable de se défendre, et si elle ne l’était pas, elle était capable de savoir où elle ne devait pas mettre les pieds. Astéria se mettait beaucoup trop de barrières juste à cause de ses craintes, elle essayait sans cesse de se convaincre de choses fausses pour justifier ses craintes, ses refus… « Comme tu veux, mais c’est dommage. Il suffit juste de savoir s’aventurer prudemment. » La brune se répétait, mais il n’y avait rien de plus vrai. Nérina s’aventurait depuis longtemps et elle n’avait jamais rencontré un seul vrai problème. Tout ce qu’elle avait pu vivre comme " danger ", elle se rendait bien compte aujourd’hui que ça n’en était pas. « Astéria Madsen, vous n’êtes absolument pas amusante. Vous êtes d’un ennui. » Nérina se laissa tomber sur le mur qui se trouvait derrière. Sa sœur n’avait rien d’amusant pour Nérina, qui n’aimait pas les règles, les peurs… Elle aimait s’amuser, prendre des risques, s’aventurer partout où elle en avait envie et sa cadette avait peur de tout, même de sa propre ombre. « C’est ce que tu crois, tu pourrais te faire attaquer par un poisson mangeur d’homme. L’eau est aussi très risquée. Je pense que tu devrais passer le restant de tes jours enfermée dans ta chambre, là au moins, tu ne devrais pas courir trop de risque. » Astéria cherchait à ce que sa sœur se moque d’elle, si elle lui tendait des perches, Nérina allait les saisir sans hésiter une seconde. « Bon d’accord si madame trop prudente veut rester dans l’eau, on y restera. » Reprit-elle quasiment aussitôt.

« Je ne m'inquiète jamais pour toi ! » souffla la sirène, amusée. Les deux sirènes laissèrent le sujet de la cabane de côté pour en évoquer un autre. Astéria exprima sa peur des autres créatures. Ce n'était pas une nouveauté, ça avait toujours été comme ça. La jeune femme était sans doute la plus trouillarde de tous ceux de sa famille. Et elle ne faisait pas grand chose pour régler ce problème parce que, dans le fond, elle s'en fichait d'être si trouillarde. Elle menait sa petite vie, tranquille et parfois ennuyante et ça lui convenait comme ça. La plupart du temps en tout cas. « On ne réfléchit jamais trop. Mais c'est sûr qu'on ne peut que réfléchir plus que toi. » s'amusa la sirène avant de se mettre à rire. Elle aimait attaquer sa soeur, tout comme sa soeur aimait l'attaquer. Lorsqu'il s'agissait de sa sécurité, Astéria jugeait qu'elle ne réfléchissait jamais trop. Certains ne jugeaient pas les sirènes, pas plus que les autres créatures en tout cas, mais d'autres avaient des préjugés sur eux. Enfin, des préjugés. Des faits avérés pour beaucoup de sirènes. Si elle attaquait pour se défendre, les gens ne verraient qu'une attaque pour se nourrir. Elle en était certaine. Les sirènes étaient les agresseurs. C'était comme ça que les autres créatures voyaient les sirènes, selon Astéria. Elles n'étaient qu'une espèce de vampires des mers qui ne cherchaient qu'à se nourrir. « Comment veux-tu t'aventurer prudemment avec toutes ces créatures partout ? Dois-je te rappeler que nous ne sommes pas en bons termes avec toutes ? Tu ne peux jamais savoir sur qui tu vas tomber ! » Comme pour toutes les créatures, certaines n'étaient pas bien vues sur certaines îles et par certaines créatures. Alors pourquoi prendre inutilement des risques ?

« Je préfère être ennuyante et vivante, qu'amusante et morte Nérina ! » répondit la sirène à sa soeur, en lui tirant la langue, alors que cette dernière se laisse tomber sur le mur derrière. Les deux soeurs étaient bien différentes sur ce point. Nérina, finalement, se moquait de sa soeur qui se sentait en sécurité uniquement sous l'eau. « tu es trop drôle Nérina ! » pesta la sirène, en reprenant aussitôt : « Sauf que jusqu'à présent, je n'ai jamais été attaquée sous l'eau ! Et oui, je suis prudente et je préfère rester dans l'eau. Et puis, c'est chez nous Nérina, c'est différent. La surface est agréable, parfois, mais ce n'est pas chez nous, ce n'est pas notre élément. Rien ne nous oblige à nous rendre à la surface alors... Pourquoi pas ? Je pourrais rester enfermée chez nous, sous l'eau, dans ma chambre, en sécurité. D'ailleurs, je vais peut-être le faire ! » se moqua à son tour Astéria. Nérina était trop sûre d'elle. « Alors tu m’emmèneras où pour ma première sortie ? » demanda finalement la sirène, curieuse.